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échos patriotiques


Qui saura raconter la lutte surhumaine
Que ces saints confesseurs de l’Église Romaine,
Seuls contre des milliers, eurent à soutenir ?
De leurs lointains exils qui dira les souffrances,
Leurs travaux de géants, leurs saintes espérances,
Et jusque dans la mort leur foi dans l’avenir ?

Ils sillonnaient gaiment nos sauvages contrées,
Cherchant du Bon Pasteur les brebis égarées
Pour leur annoncer le vrai Dieu ;
Et durant chaque jour de leur pèlerinage
Tous les genres de mort s’offraient à leur courage,
La faim, le froid, le fer, le feu !

Tantôt, dans les déserts errant à l’aventure,
Sans gîtes et sans feu, souvent sans nourriture,
Mangeant pour subsister la mousse des rochers ;
Ici mourant de froid sur des plaines de glace
Où pas un être humain n’avait laissé de trace,
Là tombant sous les traits d’invisibles archers.

Tantôt faits prisonniers par des mains sanguinaires,
Ils se voyaient traînés, pauvres missionnaires,
Vers une mort pleine d’horreur !
Les bourreaux, s’acharnant sur eux avec délices,
Prolongeaient leur martyre avec tous les supplices
Que peut inventer la fureur !