Étreignant dans leurs mains la croix, arme terrible,
Ils accouraient, remplis de la force invincible
Que puisent les martyrs dans l’amour et la foi.
Ne voulant rien pour eux, pas même un toit de chaume,
Pour le Christ ils venaient conquérir un royaume
Dans ce grand continent dont Satan était roi.
De l’une à l’autre mer s’étendait son domaine,
Par des enfanta perdus de la famille humaine
Depuis des siècles habité :
Peuples dégénérés, races d’anthropophages,
Érigeant en vertus ces deux vices sauvages :
La vengeance et la cruauté.
Mais le jour se levait, ô vérité sacrée,
Où parmi ses wigwams cette vaste contrée
Allait voir resplendir ton soleil radieux !
Où ces hommes pervers aux guerres feraient trêve,
Et dressant de leurs mains une croix sur la grève
Brûleraient à ses pieds leurs autels et leurs dieux !
Ô fils de Loyola ! Cette arène nouvelle
Où Dieu voulait jeter sa semence immortelle
Était digne de vos grands cœurs !
Jamais de votre sang vous ne fûtes avares :
Vous êtes accourus, et les peuples barbares
Connurent bientôt leurs vainqueurs !
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nos martyrs