Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
LE CENTURION

ne sont qu’une faible peinture de la terrible montagne. À ses pieds, sur un lit de lave rougeâtre une jolie petite ville blanche est assise, tout au bord de la mer bleue. Comment cette imprudente peut-elle vivre tranquille dans un pareil voisinage ?

Ce doit être l’Etna et non l’Averne qui est une des portes des enfers. C’est dans cette immense fournaise qu’ont dû être précipités et engloutis les géants, qui voulurent un jour escalader l’Olympe, et en chasser les Dieux.

Au temps d’Ulysse, les cyclopes fameux dont Homère a raconté les brigandages, vivaient sur ces bords. Énée dont les vaisseaux côtoyèrent les mêmes rivages fut comme Ulysse en butte à leurs attaques, et n’y échappa que par la protection de Vénus.

Tous ces souvenirs classiques me reviennent à la mémoire pendant que nous longeons la côte, et passons auprès des blocs de rochers que Polyphème jeta aux vaisseaux d’Ulysse, et dont les crêtes dominent les flots.

Un grand vent nous a favorisés, et vers le soir nous jetions l’ancre auprès de l’Île Ortygie, où s’élève Syracuse. Quel coup d’œil pittoresque et charmant offre de loin cette belle ville ! On y reconnaît bien la grande Grèce, moins artistique, moins idéale qu’Athènes et Delphes, mais plus étendue, s’élevant en amphithéâtre au milieu des collines de verdure et de fleurs, fièrement drapée