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LE CENTURION

Tout le monde tremble et s’agenouille devant lui, comme devant un dieu.

Des jours sombres sont venus pour notre belle patrie. Qui la sauvera de la tyrannie, de la corruption, et de la décadence qui la menace ? Qui nous rendra la liberté, et la foi religieuse, et les mœurs des anciens jours ?

Voilà ce que je me demandais ce matin en regardant s’éloigner les rivages de Capri, et le splendide amphithéâtre de montagnes qui couronne Baïa, Pouzzoli, Néapolis et Pompéi. Et j’ai relu la quatrième églogue de mon divin Virgile, qui semble nous annoncer comme prochain un renouvellement de l’humanité.

Est-ce une révélation des Dieux ?

Est-ce une vision réelle de l’avenir comme en ont les sibylles ?

Je le crois et je l’espère. Mais qui donc viendra déchirer ce voile qui enveloppe toute vérité de mystères insondables ?

Je méditais là-dessus lorsqu’un jeune homme est venu s’asseoir près de moi sur la poupe de notre galère, et s’est mis à lire un rouleau de papyrus écrit en hébreu.

Il a pris passage à Pompéi. C’est un jeune Juif de Jérusalem, qui vient de passer un an à Rome, et qui s’en retourne dans son pays. J’ai fait sa connaissance, et causé assez longuement avec lui. Il se nomme Gamaliel. Son père est un scribe, docteur d’Israël qui s’est voué à l’enseignement de