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LE CENTURION

Jourdain) restent toujours les mêmes, et surtout quand il a su garder l’invincible espoir d’un grand avenir, avec les candeurs, les naïvetés et les illusions de l’enfance.

Ce qui se passe ici depuis plus d’un an le prouve bien. On n’y entend parler que de prédications, de prophéties, d’un Messie attendu depuis des siècles, et qui serait enfin venu pour délivrer son peuple, et rétablir le royaume d’Israël.

Dès mon arrivée, j’ai appris qu’un grand prophète qu’on nomme Jean enseignait des multitudes au Désert, et les baptisait dans les eaux du Jourdain. Et maintenant on vante un autre prophète, plus grand que le premier, qui prêche dans les synagogues, qui guérit les malades et les infirmes, qui fait voir les aveugles, et parler les muets.

En attendant que je puisse me renseigner sur ces événements qui agitent profondément la foule, j’admire les beautés et les attractions de ce pays ensoleillé.

Je comprends que les prophètes juifs l’aient choisi pour y établir le royaume de Dieu. Si leur antique Éden, leur paradis perdu, peut être retrouvé quelque part, c’est ici ; et si l’âge d’or chanté par Ovide peut renaître, le lac de Génézareth en devrait être le berceau.

À ce propos, te rappelles-tu que notre poète fait remonter cet âge d’or au commencement du monde, et qu’il finit au jardin des Hespérides, où il y