appartenant à de riches Juif, et à des commerçants grecs.
Sur la grève s’allongent les barques des pêcheurs, et rien n’est joli comme de les voir le matin prendre leur vol vers la haute mer, et revenir le soir les ailes fatiguées, comme de grands oiseaux blessés qui rentrent au nid.
La société de Magdala n’est pas nombreuse mais assez choisie, et les mœurs n’en sont pas très austères. Évidemment, les amusements de Rome nous manquent. Et c’est toujours en soupirant que nous nous rappelons le Forum, le Champ de Mars, les Thermes, les Théâtres et le Cirque. Mais les plaisirs de notre civilisation raffinée m’avaient trop absorbé et je suis heureux de reprendre ici possession de moi-même. Dans cette atmosphère d’Orient que les effluves du désert renouvellent sans cesse, je redeviens libre.
Ce pays et ce peuple m’intéressent d’ailleurs puissamment. Ils sont beaucoup plus vieux que Rome, et cependant je les trouve bien plus jeunes.
La civilisation nous a vieillis avant l’âge. Nous avons à peine sept à huit siècles d’existence, et le peuple Juif en a le double. Cependant, sa foi et ses croyances sont encore très vivaces, tandis que les nôtres s’étiolent, et vont mourir.
Ici le peuple semble doué d’une jeunesse éternelle, comme la nature qui l’environne. Pourquoi vieillirait-il quand sa jolie mer intérieure, son ciel, ses montagnes, ses bois, son fleuve sacré (le