mais au moins cet idéal on l’a entrevu, on l’a aimé, on peut l’aimer encore idéalement. C’est ton cas. Le mien est bien plus triste ; car la vraie douleur c’est de ne connaître aucun idéal, et même de n’y plus croire.
Ah ! mon cher ami, quelle différence entre le pays que tu habites et Rome ? C’est ici qu’il nous faudrait des prophètes et des Myriam ; mais on en chercherait vainement dans la « via sacra », au Forum, ou sur les rivages du Tibre. Ce ne sont pas des prophètes qui parcourent la voie triomphale, et qui montent au Capitole. Ce n’est pas de Dieu qu’on parle dans la tribune aux harangues, et les femmes qui rôdent autour des Thermes ne voudraient pas imiter la vie nouvelle de Myriam !
Oui, tu vis dans un pays de merveilles ; mais nous avons aussi les nôtres, qui sont d’une autre nature.
Tibérius a relégué sa mère Livie dans une espèce d’exil où elle est abandonnée ; et c’est ainsi que ce fils, pour l’avènement duquel elle commit tant de crimes, est devenu son bourreau.
Je t’ai dit les rêves et les ambitions de Séjanus. Eh bien ! mon cher Caïus, ce ministre puissant, ce dictateur tyrannique et cruel a trouvé plus fort que lui dans le divin Tiberius, et l’on dit que ses jours sont comptés.
De son île enchantée de Capri, le perfide empereur, n’aura qu’à envoyer au Sénat des instructions secrètes pour se débarrasser de lui. Le Sénat