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LE CENTURION

Elle avait eu bien des charmes cette vie commune, un peu nomade, autour de leur beau lac, et le long du Jourdain, au milieu des populations émerveillées des nombreux prodiges que leur Maître accomplissait. Oh ! qu’il faisait bon d’entendre tous les jours sa parole si douce et si éloquente, de le voir toujours au milieu d’eux, de voyager avec lui, de camper avec lui sous la tente de feuillage, d’aller faire avec lui des pêches miraculeuses, de le voir entouré par des foules transportées d’admiration qui voulaient le proclamer roi !

Est-ce que tout cela était vraiment fini ? À plusieurs reprises déjà ils l’avaient revu, leur apparaissant tout à coup, et les quittant de même, après leur avoir adressé quelques paroles pour calmer leur effroi et pour les consoler. Et après ces visions trop courtes, la solitude s’était refaite autour d’eux, et quand ils avaient dit aux curieux qui les interrogeaient que leur Maître était ressuscité, la plupart avaient refusé de les croire.

Qu’allaient-ils devenir maintenant, et que pouvaient-ils faire sans Lui ?

C’est à présent surtout, à présent qu’ils étaient revenus au pays natal, que la grandeur de leur perte et l’incertitude de leur avenir les accablaient. Ils se sentaient orphelins ; leur foyer était désert, et leur demeure était vide.

Comme leurs ancêtres exilés aux bords des fleuves de Babylone, ils étaient assis sur la grève de leur