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LE CENTURION

avec la politesse froide et orgueilleuse qui distingue les pharisiens. Selon les usages du pays, quand un personnage important reçoit un hôte illustre sous son toit, ses serviteurs s’empressent autour de lui pour lui laver les pieds, et lui parfumer la barbe et les cheveux.

Simon n’observa pas ce cérémonial à l’égard de Jésus. Tout en se montrant son ami, il garda le morgue du pharisien, et ne reconnut pas la supériorité de son hôte.

Le Prophète ne parut pas s’en apercevoir. Il fut bon, condescendant, aimable, bienveillant pour tous, et il prit à table la place que Simon lui assigna. Plusieurs de ses disciples étaient avec lui.

Le dîner venait de commencer, lorsque je vis entrer dans la salle, une femme vêtue de noir et voilée. Sa taille, sa démarche, son attitude me rappelèrent immédiatement Myriam ; et quand prosternée aux pieds de Jésus, elle releva son voile pour ouvrir un vase de parfum et le répandre sur les pieds du Prophète, je la reconnus ; c’était bien elle.

Tu sais que les Orientaux mangent comme les Romains, couchés sur le côté gauche autour de la table, les pieds en dehors. Myriam s’était mise à genoux sur le parquet, courbée sur les pieds du Prophète, et elle les arrosait de ses larmes. Puis elle les oignit d’un parfum de grand prix qui embauma toute la salle ; et déroulant son opulente chevelure, elle les essuya de ses cheveux. Le Prophète ne semblait pas s’en apercevoir ; mais