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LE CENTURION

été réveillé par le bruit qu’avaient dû faire les disciples pour ouvrir le sépulcre et transporter le corps ailleurs. Et ce corps ? Qu’en avaient-ils fait ? Ne pourrait-on pas le trouver ?

Évidemment, si les soldats dormaient, ils n’ont pas vu enlever le corps ; et leur témoignage ne prouvera que leur sommeil. Mais, disent les prêtres, il y a présomption que ce sont les disciples qui ont enlevé le cadavre, parce qu’ils avaient seuls intérêt à le faire, pour répandre le bruit que leur Maître était ressuscité.

C’est vrai. Et cependant, ce serait un mensonge bien stupide, et auquel personne n’ajouterait foi. Une résurrection ne peut se prouver qu’en montrant le ressuscité vivant ; et tous ceux à qui les disciples diront que leur Maître est ressuscité, leur répondront : Montrez-le-nous. S’il est vivant, vous avez dû le voir. Où ? Quand ? Et à combien de personnes s’est-il montré ? Que fait-il ? Et que prétend-il faire de cette vie qu’il a reconquise sur la mort ?

Et ce mensonge absurde, à quoi servirait-il aux disciples ? Pourquoi s’exposeraient-ils à la persécution et à la mort que leur Maître a subies ? Quelle victoire pourraient-ils attendre dans une lutte où leur Maître si puissant a été vaincu ? Seraient-ils prêts d’ailleurs à mourir pour affirmer leur mensonge ? Évidemment non, à moins qu’ils ne soient des hallucinés.