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LE CENTURION

plein de vie. Il y a trois jours le temple retentissait encore des anathèmes qu’il lançait contre les Pharisiens !

Et maintenant il n’est plus !

Avez-vous vu le Procurateur ?

— Oui. Il est lui-même tout bouleversé, et il veut partir sans retard pour Césarée, où il m’ordonne de le suivre.

— Et vous allez partir ?

— Hélas ! Oui, Camilla, et ce n’est pas une séparation de quelques jours. J’ai la mort dans l’âme, et je viens vous faire mes adieux.

— Vos adieux ? Que voulez-vous dire ? — Écoutez-moi bien, chère amie.

Il y a cinq jours eut lieu, vous vous en souvenez, l’entrée triomphale de Jésus de Nazareth à Jérusalem. Ce triomphe fut un sujet de réjouissance pour nous, et il nous fit espérer que le prophète allait vaincre ses ennemis ; mais votre père en fut courroucé ; et le soir même il me fit venir dans ses appartements, pour me faire connaître ses volontés au sujet de notre amour.

— « Vos sentiments pour ma fille, m’a-t-il dit, n’ont rencontré tout d’abord chez moi aucune opposition ; et votre union eût peut-être été la consolation de mes vieux jours. Mais vos sympathies ouvertes et compromettantes pour Jésus de Nazareth ont tout à fait changé mes dispositions à votre égard. Et maintenant, retenez bien ce que je vais vous dire :