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LE CENTURION

Seule, au sommet du Calvaire, la croix était restée debout. Mais qui croyait alors qu’elle pût jamais devenir un signe de victoire ? Qui aurait pu s’imaginer qu’elle deviendrait un jour l’arbre de vie par excellence de toute l’humanité ?

Et cependant, il y avait encore des âmes restées fidèles à Jésus de Nazareth, et qui gardaient au plus intime de leur être les trois grands sentiments qui constituent la vie surnaturelle : la foi, l’espérance et l’amour.

La mort tue les hommes, mais non les sentiments, les idées et les doctrines qui contiennent des germes de vie.

Sur le mont Sion, dans une humble demeure, Pierre et Jean pleuraient et priaient. Ils pleuraient celui qu’ils avaient aimé, et qu’ils aimaient encore de toute leur âme, leur Maître, leur Père, leur ami. Qui priaient-ils ? Ils priaient celui qui leur avait dit qu’il était le Fils de Dieu.

Et si quelqu’un était venu leur dire : Il n’est plus celui que vous priez, il ne peut plus vous entendre, et vous ne le reverrez jamais, ils auraient répondu : Nous le reverrons dans son royaume, puisqu’il est allé nous y préparer une place.

Car c’était hier, du haut de la croix, qu’il avait encore parlé de son royaume avec le bon larron, et qu’il lui avait promis qu’il serait avec lui le jour même en Paradis.

Au Cénacle, les autres disciples et plusieurs des saintes femmes avaient passé la nuit dans la prière