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LE CENTURION

croyez aux prophéties et à la venue d’un Messie. Mais ce travail que vous n’avez pas fait vous-mêmes, croyez-vous que je vais le faire ? Non certes. »

Et Pilatus, poursuivant son monologue intérieur, se disait : « D’autre part, puis-je envoyer cet homme à la mort parce qu’il s’est déclaré roi des Juifs ?

« Mais cette prétendue royauté n’est-elle pas encore une manie inoffensive ? Lui-même m’a dit qu’elle n’était pas de ce monde ; et si elle n’est pas de ce monde, en quoi nous intéresse-t-elle ? Et pourquoi Rome en prendrait-elle ombrage ?

« Quel mal y a-t-il à ce que ce doux prophète, qui depuis trois ans multiplie ses bienfaits parmi son peuple, rêve un royaume dans un autre monde ? C’est une douce folie, une illusion, un mirage, je ne sais quoi, mais non une trahison… »

Et Pilatus revenant vers les Juils, déclarait de nouveau qu’il ne trouvait aucun crime en Jésus.

Mais des cris de rage répondaient à ces jugements. Et ce juge, qui parlait pourtant au nom de Rome, et qui avait sous sa main toute une cohorte de légionnaires, qui sur un signe aurait pu faire sabrer toute cette canaille, ce juge tremblait devant l’émeute populaire.

Et quand il vit qu’il ne pouvait convaincre les Juifs de l’innocence de Jésus, il se mit à parlementer avec sa conscience, pour la convaincre de la culpabilité de son prisonnier.