Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
377
LE CENTURION

IX

CLAUDIA ET CAMILLA


En rentrant dans son appartement après avoir livré Jésus aux bourreaux, Pilatus se trouva en face de Claudia et de Camilla, dont les physionomies trahissaient l’anxiété et l’angoisse.

— Eh ! bien ? lui demanda Claudia.

— C’est fini, dit-il, en poussant un long soupir.

— Et vous l’avez condamné ?

— J’ai fait tout ce que j’ai pu, pour le sauver ; mais il a voulu mourir.

— Comment ? Expliquez-vous ?

— Voici : les Sanhédrites l’ont accusé de haute trahison, en disant qu’il se proclamait roi des Juifs. Alors je l’ai interrogé lui-même, et il m’a répondu avec une candeur inconcevable, qu’il était en effet « roi des Juifs ».

Que pouvais-je faire alors ? Rejeter l’accusation après cet aveu, c’était m’exposer à être accusé moi-même de trahir César. Malgré cela, j’ai encore cherché des échappatoires pour le sauver, au moins de la mort. Je l’ai mis en comparaison avec le brigand Barrabas, afin de le délivrer. Les Juifs m’ont forcé à délivrer Barrabas, un vrai scélérat ! Je l’ai fait flageller dans l’espoir de les adoucir ; mais les Sanhédrites sont restés implacables, insensibles au spectacle horrible de la flagellation,