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LE CENTURION

Alors Caïphe paya d’audace, et dévoila sans plus de feinte le dessein de la Synagogue :

—Nos lois ? Mais, vous savez bien que nous n’avons plus le pouvoir de faire mourir personne, et nous voulons que celui-ci meure.

Caïphe avait déjà dit quelques jours auparavant, sans soupçonner toute la vérité de sa parole : « Il faut que cet homme meure pour le salut du peuple ». Et tous les Sanhédrites savaient que le supplice de la croix était celui qu’infligeait la loi romaine.

Étrange aveuglement de ces hommes qui connaissaient les prophéties, qui refusaient d’en voir l’accomplissement en Jésus, et qui les accomplissaient eux-mêmes à la lettre, sans s’en apercevoir.

Pour obtenir l’exécution de la sentence de mort, les Sanhédrites comprirent alors qu’il fallait refaire au moins un simulacre de procès, devant le gouverneur romain, puisqu’il ne paraissait pas disposé à prononcer lui-même cette sentence, sans entendre et les accusateurs et l’accusé.

Mais quelle accusation avait quelque chance de succès ? C’était la question.

Accuser Jésus de s’être proclamé Fils de Dieu, laisserait probablement Pilatus assez indifférent, et il dirait peut-être : Que m’importe, et qu’importe à César ?

En vérité, cette offense était bien la seule qui touchât la Synagogue, parce qu’elle menaçait son autorité.