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LE CENTURION

Une des vastes chambres de la tour Antonia servait de salle d’audience ; et c’est dans cette salle que Jésus fut traduit devant Pilatus.

Les Juifs n’y pouvaient pénétrer ; car ils considéraient comme une souillure le fait d’entrer dans la maison d’un païen.

Jésus parut donc seul, entre deux gardes du palais, devant le gouverneur assis sur une espèce de trône symbolisant l’autorité romaine.

Il y avait longtemps que Pilatus entendait parler de Jésus ; mais il ne l’avait jamais vu. Il le considéra avec attention, et fut frappé de la noblesse, de la distinction et de la beauté de sa physionomie. Tout respirait en lui la dignité et le calme de la conscience.

Jésus jeta sur le gouverneur un long regard inquisiteur, mais serein. Puis il baissa les yeux et parut méditer.

Devant cet accusé déjà chargé de chaînes, et dont la noble contenance manifestait la supériorité, Pilatus se sentit pris de pitié.

Il se leva et s’avança sous le portique au pied duquel les Sanhédrites s’étaient groupés en avant de la foule.

— Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? demanda-t-il à haute voix.

Caïphe parlant au nom du Sanhédrin répondit avec hauteur :

— Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne vous l’aurions pas livré.