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LE CENTURION

Il est le patron des comptables malhonnêtes,, assez habiles pour détourner à leur profit l’argent de leurs maîtres.

Les autres disciples découvrirent sans doute quelques-unes de ses fraudes, puisque les Évangélistes ont écrit qu’il était un voleur.

Jésus savait tout, et souvent il dut reprocher à Judas sa mauvaise conduite ; mais il ne voulut pas le démettre de ses fonctions, pour ne pas nuire à sa réputation, et pour lui ôter tout prétexte d’abandon et de trahison.

Cependant l’apôtre infidèle finit par comprendre que ses rêves de fortune et de grandeur ne seraient jamais réalisés, si son maître continuait de fuir lui-même les honneurs et la richesse.

Il n’y avait plus à s’y tromper. Le prophète avait parlé clairement : Son royaume ne promettait aux disciples que pauvreté, humiliation, souffrance et mort !

Dès lors, c’était aux yeux de Judas un faux royaume qu’il laisserait aux rêveurs. Dans le camp des ennemis, auprès du sacerdoce riche et puissant, son avenir serait meilleur.

Là, il y avait de l’or pour les transfuges et les traîtres ! Tel était Judas ; et ce n’était pas un monstre, un être exceptionnel. Il ne faisait que suivre les instincts pervers de la nature humaine, et les suggestions du démon. Un grand nombre d’hommes pensent et agissent comme lui, en matière moins grave, et parfois sans s’en rendre biens compte.