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LE CENTURION

En refusant de répondre, Jésus signifiait aussi à l’ex-pontife qu’il n’avait plus juridiction, puisqu’il n’exerçait plus le souverain pontificat.

Le vieux renard comprit toute la portée de la leçon, et il ne paraît pas avoir poursuivi plus loin son rôle déjugé d’instruction.

Avec une complaisance coupable, il permit à un de ses valets de répliquer à Jésus en le souffletant, et le fit conduire devant Caïphe.

Traîné par les gardes, Jésus traversa la cour, et la foule qui s’y coudoyait.

En entrant, il vit le grand-prêtre assis sur une estrade, ayant à ses côtés plus de trente membres du Sanhédrin. Il en reconnut plusieurs qu’il avait souvent rencontrés au Temple.

Sans morgue et sans peur, avec une modestie pleine de dignité, et une démarche pleine d’assurance et de calme, il s’avança jusqu’à l’endroit qu’on lui marqua, et attendit.

Informés sans doute de ce qui s’était passé devant Anne, Caïphe et ses collègues parurent vouloir procéder plus régulièrement.

Mais le procès était mal engagé, contrairement à toutes les règles de la procédure. Dans leur haine aveugle et leur âpre désir d’en finir avant la fête avec cet homme qui troublait leur sommeil, les sectaires avaient négligé toutes les formalités ordinaires.

Il n’y avait devant le tribunal, ni dénonciation, ni acte d’accusation.