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LE CENTURION

Là, gisaient pêle-mêle toutes les générations qui depuis des siècles avaient été le peuple de Dieu,

Hélas ! Combien il était déchu ce peuple tant choyé par Jéhovah, et qui avait été à diverses époques si glorieux et si puissant !

L’effigie divine n’était plus guère visible sur ces fronts dégénérés, que Jésus comparait à des sépulcres blanchis !

Hélas ! Hélas ! l’heure du grand crime allait sonner, et ce peuple allait combler la mesure de ses iniquités. Il allait consommer sa séparation d’avec Dieu, et par là même, sa déchéance finale. Pour creuser plus profondément l’abîme où il sombrait, il allait mettre à mort Celui que le ciel lui envoyait pour le sauver, après vingt siècles d’attente et de promesses.

Cette vue assombrit le front de Jésus ; mais tout à coup il s’éclaira d’un rayon fugitif ; car il pensa que dans ce champ de mort qu’il avait sous les yeux, il y avait des Justes, dont les tombes allaient s’ouvrir le lendemain.

Oui, demain, plusieurs de ceux qui dorment dans ces sépulcres depuis des siècles entendront le cri qu’il poussera du haut de la croix, et ils se lèveront vivants !

Il était à peu près dix heures et demie, lorsque le Maître et ses disciples arrivèrent dans le jardin de Gethsémani, planté d’oliviers, et mal fermé par une clôture en pierres sèches, à demi écroulée, sur laquelle grimpaient des pampres de vigne.