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LE CENTURION

plus digne de haine, et où Dieu lui ait donné une plus grande preuve de son amour.

Dieu s’était fait homme, il était descendu sur la terre pour lui enseigner toutes les vérités, pour expier tous ses crimes, pour lui donner l’exemple de toutes les vertus, pour l’arracher enfin au joug du démon, et assurer sa félicité éternelle. Il avait prouvé de mille manières sa divinité, et accompli des milliers de miracles qui étaient autant de bienfaits.

Mais tout cela n’avait touché que quelques âmes d’élite vivant dans l’obscurité. Les gouvernants, les classes dirigeantes, le sacerdoce, la masse humaine, non seulement n’avaient pas voulu reconnaître Dieu en Jésus, mais l’avaient pris en haine et se préparaient à le tuer.

Jésus le savait : il avait prédit sa mort, il l’attendait, et ne voulait rien faire pour l’éviter. Les princes des prêtres étaient réunis pour organiser l’exécution de leur complot déicide. Ils n’attendaient plus que Judas.

Il semble que pour sauver l’humanité Jésus ne pouvait plus faire autre chose que verser son sang jusqu’à la dernière goutte, et dans quelques heures il allait le faire. Tout était donc fini. L’homme allait rassasier sa haine, et l’amour de Dieu jusqu’à la mort de la croix allait être satisfait.

Eh ! bien, non, tout n’était pas fini. Il restait encore à Jésus un miracle à accomplir, le plus