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LE CENTURION

Cette louange universelle de la création, Jésus l’entendait et la comprenait, mieux que tous les poètes qui ont tenté de la traduire en langue humaine, mieux que le prophète-roi qui en fut pourtant le plus parfait interprète.

Car le Verbe de la Création, c’était Lui. Le grand compositeur des harmonies de la terre et du ciel, c’était Lui.

Les figures, les symboles, les analogies, qui créent des rapports entre le réel et le spirituel, entre la nature et le surnaturel, n’avaient pas de secrets pour Lui.

Et si les merveilles de notre univers forment une échelle lumineuse qui permet à l’esprit humain de s’élever vers Dieu, quelles ascensions prodigieuses devait donc y faire l’intelligence d’un homme qui était Dieu !

Pour les poètes, adorateurs du vrai Dieu, la nature est comme un voile qui tamise les rayons de la Divinité, dont nos yeux mortels ne pourraient supporter l’éclat. C’est le treillis du Cantique des Cantiques à travers lequel l’âme humaine aperçoit son bien-aimé.

Mais pour l’œil de Jésus le voile avait une transparence merveilleuse, et le treillis n’altérait pas les splendeurs de la vision béatifique.

Qu’elle était donc belle cette aurore de son dernier jour sur la terre ! Mais l’ombre de la mort en éclipsait déjà les splendeurs. Le soir de ce beau jour allait être aussi le soir de sa vie.