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LE CENTURION

« Tout cet ensemble du temple extérieur, écrit M. de Champagny, du temple intérieur, et du sanctuaire, formant des enceintes rectangulaires, inscrites les unes dans les autres, était plein de splendeur et de dignité.

« Au lever du soleil, lorsque de loin sur la sainte montagne apparaissait le sanctuaire, dominant de cent coudées les deux rangées de portiques qui formaient sa double enceinte ; quand le jour versait ses premiers feux sur cette façade d’or et de marbre blanc ; quand scintillaient ses mille aiguilles dorées qui surmontaient le toit, il semblait que ce fut une montagne de neige, s’illuminant peu à peu, et s’embrasant aux feux rougeâtres du matin.

« L’œil était ébloui, l’âme surprise, la piété éveillée ; le païen même se prosternait. »

Jésus semblait absorbé dans la contemplation de ce chef-d’œuvre de l’art humain, et peu à peu une grande tristesse envahissait son âme.

Il regardait toutes les beautés et les richesses de ce monument, les bois odoriférants, les marbres de grand prix, le bronze, l’argent, l’or et les pierres précieuses. Mais dans la foule qu’il y voyait circuler, que de laideurs morales, que de souillures cachées, que de vices sous des apparences de vertu !

Et c’est pourquoi ce beau temple serait détruit. Toutes les prévarications des Juifs attiraient sur lui les foudres divines.

Le silence de Jésus se prolongeait, et sa tristesse grandissait. Car l’avenir était le présent pour lui,