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LE CENTURION

« Comblez la mesure de vos pères, serpents ! Race de vipères ! Comment éviterez-vous la condamnation de la Géhenne ?

« Et voici que moi-même je vous envoie des prophètes, des sages et des docteurs. Vous tuerez les uns, vous crucifierez les autres ; vous les fouetterez dans vos synagogues, vous les persécuterez de ville en ville, afin que tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre retombe sur vous, depuis le sang du juste Abel jusqu’à celui de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué ici entre le temple et l’autel. En vérité, je vous le déclare, tous ces crimes retomberont sur la génération présente.

« Jérusalem ! Jérusalem ! Toi qui tues les Prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule ramasse ses petits sous ses ailes ! Et tu ne l’as pas voulu !

« Et voilà que votre maison sera déserte. Car, je vous le dis, vous ne me reverrez plus jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »…

Ni cette plainte attendrie, ni ces véhémentes malédictions, les plus terribles que le temple eût entendues, ne touchèrent le cœur des Juifs.

C’était le dernier appel de Dieu, et le peuple de Dieu ne l’entendit pas.