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LE CENTURION

Mais les plus terribles ennemis de Jésus n’étaient pas dans les rangs du peuple. Ils appartenaient aux classes dirigeantes. Ils représentaient l’autorité religieuse, la science et la richesse.

Ils formaient ce corps puissant qu’on appelait le Sanhédrin, qui comprenait les prêtres, les scribes et les anciens. Les premiers formaient une aristocratie orgueilleuse et adulée, que l’esprit de caste rendait intolérante, et qui recherchait activement les honneurs, les emplois, et les bénéfices attachés aux fonctions sacerdotales.

Les scribes étaient les docteurs en Israël, les interprètes autorisés des Écritures ; et quoiqu’ils fussent moins puissants que les prêtres, ils avaient beaucoup d’autorité sur l’opinion publique.

Les anciens du peuple devaient leur influence à leur position sociale et à leurs richesses.

Il suffit de réfléchir un instant pour comprendre que Jésus devait trouver des ennemis dans ces trois chambres du Sanhédrin.

Il ne pouvait pas espérer être le bienvenu auprès d’un sacerdoce qu’il venait abolir.

Les scribes infatués de leur science, et convaincus que le Messie, lorsqu’il viendrait, aurait recours à eux pour établir son royaume, ne pouvaient se montrer sympathiques à ce nazaréen qui s’entourait d’ignorants, et qui choisissait les futurs chefs de son église parmi les pauvres pêcheurs de la Galilée.