II
LES DERNIERS APPELS
Étrange contradiction de la nature humaine, elle sent un besoin invincible du divin, et cependant elle le hait, parce qu’il la gêne.
Mais elle n’a la haine que du vrai Dieu ; et dès qu’elle peut renverser ses autels, elle se fait des faux dieux. Ceux-ci ne la gênent pas, et souvent même flattent ses passions mauvaises.
Tels étaient les dieux des Grecs et des Romains, qui personnifiaient les vices plutôt que les vertus.
Cette double tendance de la nature humaine s’est manifestée maintes fois chez le peuple Juif, d’une manière plus frappante que chez les autres peuples.
Quand il repoussait Jéhovah et ses prophètes, il se fabriquait des idoles. Puis le besoin du vrai divin le reprenait, et il brisait ses idoles pour revenir au culte de Jéhovah, Mais il n’avait vraiment la haine que du vrai Dieu.
Ce côté pervers de la nature humaine pourrait expliquer, dans une certaine mesure, comment tant de Juifs devinrent les ennemis acharnés de Jésus, qui passait sa vie en faisant le bien, et comment ils le combattirent tantôt au nom de la religion, qu’eux-mêmes ne pratiquaient pas, tantôt au nom de César, dont eux-mêmes auraient bien voulu secouer le joug.