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LE CENTURION

Dès le matin, une foule nombreuse envahissait les abords de la maison de Zachée. L’arrivée de Jésus, la guérison de deux aveugles, avaient mis toute la ville en émoi. Un grand nombre voulaient accompagner le thaumaturge jusqu’à Jérusalem, convaincus qu’il y accomplirait des merveilles, et rétablirait le royaume d’Israël.

Quand donc il se remit en route pour la ville sainte, Jésus fut suivi d’une multitude. Le chemin est sinueux, et monte sans cesse, dans les défilés des montagnes. Le soleil y concentre ses rayons, et relentit le pas des voyageurs qui n’y trouvent que de rares ombrages.

Vers le soir, au moment le soleil disparaissait derrière la crête du mont des Oliviers, la longue procession des pèlerins en gravissait la pente orientale, Jésus en tête.

Béthanie, le village hospitalier qu’il affectionnait, l’attendait, et il y passa la nuit. Un grand banquet lui fut donné le lendemain par Simon, surnommé le lépreux, et parmi les convives, qui étaient très nombreux, se trouvait Lazare, l’ami intime de Jésus, ressuscité quelques semaines auparavant. La sérénité de Jésus, et sa bienveillance pour tous ne purent enlever au banquet son caractère grave et solennel. Cette armée de fidèles éprouvait les mêmes émotions que des soldats, la veille d’une bataille. L’ombre des jours ténébreux qui allaient suivre planait déjà sur les convives. On se parlait à voix basse. Les traits de Jésus prirent une empreinte