Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
285
LE CENTURION

« Tout cela est contraire aux données de la raison humaine, aux enseignements de l’histoire et à l’expérience des siècles.

« L’œuvre du prétendu Messie est donc fatalement condamnée à l’insuccès le plus complet.

« Faut-il en conclure que nous devons laisser faire ? Non. Toute organisation, toute tentative qui sont dangereuses doivent être réprimées, lors même qu’elles n’ont aucune chance de succès.

« Jésus de Nazareth est l’ennemi déclaré du sacerdoce. Il mine son autorité et détruit son prestige. Il combat également les scribes ; il réfute et démolit leur enseignement et leur interprétation des Écritures.

« Cette double guerre atteint par ricochet la religion elle-même ; et je crois qu’il est grand temps d’adopter des mesures contre ce novateur. Je ne dis pas qu’il soit urgent de décréter sa mort. Mais il faut aviser aux moyens d’enrayer la propagande qu’il fait parmi le peuple, et de mettre fin à sa prédication subversive de l’ordre social et religieux. »

Ce discours produisit une grande impression sur la portion la plus calme de l’auditoire, et fut très applaudi.

D’autres membres du Sanhédrin, prêtres et scribes, entre autres le rabbi Zadok, Ismaël ben Phabi et Helkias, trésorier du temple, parlèrent tour à tour. Et comme ils étaient incapables de répondre au discours si sensé et si conciliant de Gamaliel, ils se contentèrent de décrier Jésus, et