Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
277
LE CENTURION

« Israël en est venu à ce tournant de son histoire où le chemin bifurque. Il s’agit de choisir entre les deux routes qui s’ouvrent devant nous, et ce choix vital, définitif, sans retour possible, vous voulez le faire brusquement, sommairement, de parti pris, en écoutant vos préjugés, vos colères, et la voix de vos intérêts menacés ?

«Eh ! bien, je ne puis pas approuver une pareille conduite, et je dis qu’il faut attendre les développements et les résultats de ce mouvement religieux que Jésus de Nazareth a créé. Nous jugerons l’arbre à ses fruits.

« Pourquoi précipiter la solution d’un problème aussi compliqué ? Quel mal Jésus a-t-il fait jusqu’ici aux foules qui le suivent ? Est-ce une calamité publique de diminuer le nombre des lépreux, des possédés du démon, des infirmes, des malades, des muets et des aveugles ?

« Vous prétendez qu’il fait tous ces prodiges par le pouvoir du démon ? Admettez qu’il serait bien extraordinaire que le démon chassât les démons de ce monde. Mais s’il en est ainsi, laissez-le faire.

« Vous accusez Jésus de blasphème, parce qu’il se dit fils de Dieu ? Évidemment c’est un blasphème, s’il n’est pas le Messie. Mais s’il l’est vraiment, qui d’entre vous peut me démontrer par les Écritures que le Messie ne doit être qu’un homme ? J’avoue qu’il est bien difficile de croire qu’un homme puisse être un Dieu. Mais il y a dans les Écritures bien des paroles que je pourrais vous