homme qui a mené une vie obscure à Nazareth, que tout le monde y a coudoyé depuis son enfance, peut-il être le Fils de Dieu ? C’est absurde, c’est insensé, disaient les sceptiques ; c’est un blasphème, punissable de mort, ajoutaient les princes des prêtres.
Les gens du peuple, les pauvres, les ignorants, répondaient simplement, avec plus de logique que n’en montraient les savants : « Oui, c’est un blasphème, s’il ne vient pas réellement de Dieu. Mais alors comment expliquez-vous qu’un blasphémateur commande aux éléments, à la maladie, à la vie, à la mort ? »
— C’est par Béelzébub qu’il fait ses miracles, répliquaient les prêtres. Il est possédé du démon.
— Ah ! reprenaient les gens du peuple, voilà du nouveau. C’est le démon qui chasse les démons de la terre, et qui en délivre les malheureux possédés !
C’est le démon qui guérit les malades, les infirmes et les lépreux ! C’est le démon qui rend l’ouïe aux sourds, la parole aux muets, la vue aux aveugles et la vie aux morts !
Mais alors, abandonnons le culte de Jéhovah, qui nous châtie sans cesse, et dédions le Temple au démon, qui comble notre pays de ses bienfaits !
À cette ironie sanglante, les prêtres répondaient par des injures, comme ils avaient répondu à l’aveugle-né.
Ce recours aux injures révélait les vrais motifs de leur hostilité au messianisme de Jésus.