Ils invoquaient encore un autre motif pour ne pas admettre le titre messianique de Jésus.
Le Messie, disaient-ils, doit apparaître sur la terre plein de grandeur et de gloire, dans tout l’éclat d’un prince puissant. Il doit racheter Israël, et toutes les nations doivent plier devant lui.
Or, il est bien évident que ce prêcheur de Galilée, entouré de pauvres pêcheurs du lac de Génézareth, ne possède ni la grandeur, ni la puissance, ni aucun autre apanage royal.
Cette seconde raison de douter était plus sérieuse que la première, et elle était un grand obstacle à la foi du peuple même. Car c’était aussi sa croyance et sa suprême espérance que le Messie devait rétablir le royaume de Juda, et qu’il serait un conquérant plutôt qu’un prophète, un nouveau Josué, un David, ou un Judas Machabée.
Or, lorsque le peuple avait voulu le proclamer roi, Jésus s’était dérobé ; et ni ses apôtres, ni lui, n’avaient jamais dit un mot qui pût trahir l’intention de secouer le joug de Rome. Le seul royaume dont il parlait toujours, et qu’il voulait fonder, était le royaume de Dieu, et non le royaume de Juda.
Mais cette croyance en un Messie-roi, libérateur et émancipateur de son peuple, s’appuyait sur des prophéties, qui étaient loin d’être claires.
Sans doute, le Messie promis devait être roi. Mais quelle devait être la nature de sa royauté ?