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LE CENTURION

dire, et elle serait devenue pour Rome même une grave question politique. Mais rien n’était plus loin de la pensée de Jésus que le rêve de créer un mouvement populaire, et d’affranchir son pays de la domination romaine. Ce rôle eût été bien au-dessous du personnage, et ce ne pouvait pas être pour faire une révolution politique, qu’un Messie était promis au peuple Juif depuis tant de siècles.

Aussi, bien loin de prononcer la parole rebelle que le peuple désirait et attendait, Jésus disait à qui voulait l’entendre : Mon royaume n’est pas de ce monde, il est le royaume de Dieu !

Pour ceux qui ajoutaient foi à cette déclaration du Prophète la question messianique était donc plutôt religieuse. Elle soulevait les problèmes théologiques les plus graves, et elle se compliquait d’un conflit ecclésiastique menaçant.

En face de Jésus se dressait le sacerdoce Juif, dont les intérêts étaient menacés.

Personne ne pouvait plus ignorer les nombreux miracles du jeune prophète, ni ses merveilleuses prédications dans le temple, dans les synagogues, sur les bords du Jourdain, et dans tous les endroits où il passait. Partout, la foule se demandait s’il était le Messie promis.

Jean-Baptiste lui-même avait voulu s’en assurer de la bouche de Jésus, et il lui avait envoyé des messagers à cet effet. La réponse de Jésus avait satisfait Jean-Baptiste qui avait congédié ses propres