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LE CENTURION

Or, il n’y a pas deux mois, elle a éconduit tous les courtisans qui évoluaient autour d’elle, et changé radicalement de conduite.

Le dernier de ses admirateurs, était un jeune commerçant grec, très riche. C’est celui-là même qui l’importunait de ses assiduités, et dont je l’ai délivrée comme je te l’ai raconté dans ma seconde lettre.

Quelle est l’explication de ce changement de conduite ? C’est ici que le mystère commence.

La belle Myriam a fait la rencontre du grand Prophète, et le premier regard qu’il a jeté sur elle, l’a toute bouleversée. C’était, m’a-t-on raconté, un regard accusateur, pénétrant, qui lisait jusqu’au fond de son cœur, et qui en sondait toutes les hontes ; elle a baissé les yeux devant ce regard qu’elle ne pouvait supporter, et elle a senti la rougeur brûler son front, si déshabitué de rougir.

Quand elle a relevé les yeux, le terrible regard du prophète était encore fixé sur elle, et la foule, qui l’avait remarqué, la regardait aussi avec mépris. Elle s’est enfuie couverte de confusion, et depuis lors, elle revoit toujours, même en rêve, ce regard terrifiant de l’homme de Dieu. Elle a honte de sa conduite passée ; elle souffre des douleurs intimes qu’elle n’a jamais connues auparavant ; elle pleure toutes ses larmes, et elle veut que sa conduite future lui mérite le pardon du Prophète.

— Voilà ce que j’ai recueilli au sujet de ma belle Juive. Naturellement, je n’y comprenais rien, et