Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
LE CENTURION

Le lendemain soir, Gamaliel l’Ancien recevait chez lui quelques amis. Claudia, Camilla, Nicodème et Caïus s’y trouvaient. Le vieux Claudius et Pilatus avaient décliné l’invitation parce qu’ils en avaient assez, disaient-ils, des controverses sur Jésus de Nazareth.

La guérison de l’aveugle-né avait fait sensation dans le public de Jérusalem, et les hôtes de Gamaliel étaient curieux de savoir exactement ce qui s’était passé. Camilla fut la première à interroger le vieux docteur à ce sujet. — Voici, dit Gamaliel, tout ce que j’en connais :

« Il y a plusieurs années que je vois un aveugle de naissance à la porte du Temple. Je lui ai parlé bien des fois, et dans l’espoir que les médecins pourraient peut-être le guérir, j’ai, un jour, examiné ses yeux ; mais quoique je ne sois pas un homme dé l’art, un simple coup d’œil m’a suffi pour comprendre que la cécité était bien originelle et incurable.

Or, hier, je sortais du Temple, lorsque je vis un rassemblement de personnes qui discutaient vivement. Je m’approchai, et je reconnus au milieu du groupe mon aveugle-né qui parlait avec beaucoup d’animation, et sur qui tous les regards étaient fixés.

J’écoutai la discussion.

Les uns disaient :

— C’est bien lui ! C’est bien l’aveugle-né qui se tenait ici a la porte du temple, et qui mendiait.