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LE CENTURION

Et la procession s’avancait toujours en chantant, traversant le parvis des Gentils, puis le parvis des femmes et le parvis des Juifs ; et le pontife qui portait l’urne d’or franchissait la porte de Nicanor, et le portique qui entoure le parvis des Lévites : et au moment où il gravissait les degrés qui conduisent sur l’autel des holocaustes, le peuple cria : « Élève la main » ! Alors le pontife versa l’urne d’or du côté de l’occident, pendant que le chœur reprenait : « Vous puiserez l’eau avec joie aux sources du salut » !

Dès que le chœur se tut, Jésus éleva la voix de nouveau. La cérémonie qui venait de finir lui fournissait une nouvelle image de sa doctrine. « Si quelqu’un a soif, s’écria-t-il, qu’il vienne à moi, et qu’il boive ! Qui croit en moi sera lui-même comme le rocher dont parle l’Écriture ; de son sein jailliront des sources d’eau vive. » La foule se fit tumultueuse. Les uns criaient : « C’est vraiment le prophète annoncé par Isaïe !

« C’est le Christ ! C’est le Messie !

Mais d’autres objectaient : « Est-ce que le Christ vient de la Galilée ?…

Jésus continua, sans se laisser détourner de son sujet.

Le soir venait. On alluma de grands candélabres qui illuminèrent tous les parvis. Leurs reflets transfiguraient le prophète ; et tout spontanément il dit d’une voix forte :