Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
233
LE CENTURION

Jésus continuait de parler. Mais il s’était fait un mouvement dans la foule qui nous avait éloignés, et nous ne l’entendions que par intervalles. Les observations des auditeurs parvenaient mieux à nos oreilles :

— « N’est-ce pas là, disait-on, celui que les princes des prêtres cherchent à mettre à mort ? Le voilà qui parle en public, et ils ne lui disent rien. Ils ne le contredisent même pas. Est-ce qu’ils auraient reconnu qu’il est vraiment le Messie ?…

— « Quoi qu’il en soit, quand le Christ viendra, fera-t-il plus de miracles que n’en opère cet homme ?…

La voix du Prophète disait :

— « Je suis encore avec vous pour un peu de temps ; puis je retournerai à Celui qui m’a envoyé. Alors, vous me chercherez, et vous ne me trouverez point ; car où je suis, vous ne pouvez venir… »

Soudain, retentirent à la porte du Midi de grandes acclamations mêlées au son des trompettes et des cymbales.

Jésus se tut ; et une longue procession défila sous les portiques. Le grand prêtre Caïphe, revêtu des ornements pontificaux en brocart, et portant dans ses mains une urne d’or, marchait en tête. L’urne était remplie de l’eau que le peuple et les Lévites étaient allés en procession puiser à la fontaine de Siloé, au pied de la colline d’Ophel. Elle rappelait à Israël l’eau vive que Moïse avait