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LE CENTURION

« Nous nous rapprochâmes le plus possible, et je recommandai à Caïus de bien noter ce qu’il allait dire ; car nous savions qu’il parlait généralement le dialecte hébreu populaire, c’est-à-dire l’araméen, et Caïus le comprend bien mieux que nous.

Un grand silence se fit, et Jésus prit la parole :

— « Il y en a un grand nombre parmi vous qui se demandent où j’ai puisé la doctrine que j’enseigne. Elle n’est pas de moi, cette doctrine ; elle est de Celui qui m’a envoyé, c’est-à-dire de Dieu.

« L’homme qui parle de son chef n’a en vue que sa propre gloire. Mais celui qui ne cherche que la gloire du Dieu qui l’envoie, celui-là est dans la vérité et la justice…

— « Vous prétendez savoir qui je suis et d’où je viens ; mais alors vous devez savoir que je ne suis pas venu de moi-même ; c’est Celui qui est vrai qui m’a envoyé ; mais vous ne le connaissez pas, Celui-là. Moi, je le connais parce que je procède de Lui, et parce qu’Il m’a envoyé…

L’étonnement des scribes qui se tenaient près de nous était grand. Ils se regardaient les uns les autres, et ils se disaient à voix basse : « Il a deviné les propos que nous échangions tout à l’heure, et il nous répond : que nous nous trompons quand nous croyons savoir d’où il vient, parce qu’il vient de Dieu, et que nous ne connaissons pas Dieu. Et c’est de Dieu aussi que lui vient sa science…