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LE CENTURION

c’était bientôt l’heure de rentrer pour elle, et elle m’invita à ne pas la suivre.

Tu es curieux, sans doute, de savoir ce que nous avons pu nous dire.

Hélas ! rien, qui puisse me faire espérer le moindre succès sentimental.

Elle m’a remercié de nouveau de l’avoir délivrée d’un importun ; et je lui ai répondu avec une entière sincérité que de mon côté je remerciais les Dieux de m’avoir fourni cette occasion de la connaître. Un moment de silence a suivi. Puis, après un long soupir elle m’a dit :

« — Je ne crois pas à vos dieux, chevalier » et elle m’entraîna très habilement dans une controverse religieuse.

Elle croit en un seul Dieu, Jéhovah, et en une seule religion, qui est celle de Moïse.

J’ai défendu très faiblement les dieux de Rome, et pour la ramener à des propos d’amour je lui dis :

« — Qu’il n’y ait qu’un seul Dieu ou qu’il y en ait plusieurs, je l’ignore. C’est aux œuvres de la divinité, quel que soit son nom, que j’adresse mes hommages, et quand je me trouve à côté d’une femme comme vous, je ne demande qu’à l’adorer.

— Ne profanez pas ce mot, me dit-elle d’un ton sévère : l’adoration n’est dûe qu’à Dieu.

Et là-dessus elle s’est dirigée vers sa porte, et m’a salué d’un geste qui voulait dire : « allez-vous-en. »