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LE CENTURION

Elle est bien heureuse, cette Photina, d’avoir reçu le « don de Dieu. »

— Vous aussi, Camilla, vous le recevrez quand l’heure sera venue. Il arrive tant de choses qu’on ne peut prévoir. Je ne l’ai jamais prévue, mais bien désirée, cette rencontre exquise qui m’est donnée aujourd’hui, auprès de ce puits qui fut témoin jadis de tant de serments d’amour.

Je puis à peine balbutier mes sentiments pour vous, Camilla ; mais vous les comprenez mieux sans paroles…

— Ne parlez pas. Un jour, j’espère, nous nous retrouverons au bord du Tibre, dans cette Rome que nous aimons tous deux, et nous aurons peut-être alors le même Dieu, comme nous avons la même patrie.

— Quel sera ce Dieu ? J’ai le pressentiment qu’il sera Celui qui s’est assis où vous êtes, et qui enseigne la religion d’amour, et l’adoration en esprit dans tous les lieux, dans toutes les langues, et chez tous les peuples.

Camilla avait baissé les yeux, et une larme était tombée sur sa main. Caïus saisit cette main, et la baisa : — Si toutes les larmes avaient cette douceur, ce serait un bonheur de pleurer, dit-il.

Camilla eut un sourire d’allégresse suave.

Pendant la soirée, Caïus réussit à trouver Photina, et l’amena à l’hôtellerie. Claudia et Camilla lui firent raconter son entrevue avec Jésus de Nazareth, et leur émotion fut grande.