Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
209
LE CENTURION

— Voulez-vous parler des nouvelles mondaines, politiques, militaires ou religieuses ?

— Parlez-moi de la question messianique. C’est celle qui m’intéresse le plus.

— Oh ! ce n’est plus une simple question. C’est un conflit des plus graves, une lutte implacable entre Jésus de Nazareth et le Sanhédrin.

— Et les disciples du Prophète sont-ils des hommes sur lesquels il puisse compter ? Ont-ils quelque science, quelque influence, quelques ressources pour établir quoi que ce soit ?

— Non. Ce sont de pauvres gens du peuple sans instruction, restés jusqu’à ce jour inconnus, et ne possédant aucun pouvoir sur l’opinion publique.

— Dès lors, il ne saurait compter sur eux pour faire l’établissement qu’il annonce ?

— Évidemment.

— Et lui-même devra le fonder pendant sa vie ?

— Il n’en aura pas le temps ; car il a annoncé l’autre jour à ses disciples, qu’il allait venir à Jérusalem, et qu’il y serait mis à mort.

— Alors il laissera son œuvre à peine ébauchée, et il en confiera l’exécution à de pauvres ignorants qui sont radicalement impuissants à édifier quoi que ce soit ?

— Camilla, il ne faut pas juger cet homme, comme on juge les autres. Il est évident qu’il n’emploie pour réussir aucun des moyens connus jusqu’à ce jour par les sages et les habiles. Mais pourquoi ne pourrait-il pas renverser toutes les