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LE CENTURION

divorcer. Les femmes ressemblent de plus en plus à celle que Cicéron appelait « la femme aux nombreux époux » ( « mulier multarum nuptiarum » ).

Le théâtre et les jeux n’ont plus d’autre objet, que la corruption des mœurs, et les cirques sont des lieux de prostitution, où l’on ne rencontre pas seulement les femmes du peuple.

La vertu se meurt, l’espérance est morte. Et ceux qui souffrent n’ont plus qu’un refuge : le suicide.

Ah ! que tu es heureux d’être loin de ce foyer de pestilence. Tu te retrempes dans l’admiration et l’étude de la belle nature. Tu as des spectacles nouveaux et étranges. Tu coudoies un peuple plus vieux que Rome, et resté jeune pourtant par sa foi, et ses espérances.

Tu apprends l’hébreu, et tu lis les livres de Moïse : Que ce doit être curieux pour un homme versé comme toi dans les lettres grecques et latines !

Écris-moi souvent, et tiens-moi au courant de tout ce qui t’intéresse dans l’étrange pays que tu habites. Adieu.

Roma. 2 janvier 781.