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LE CENTURION

Ils nous exploitent ; ils nous pillent ; ils nous gouvernent durement ; ils épient nos actions et nous tyrannisent. Jupiter se nomme aujourd’hui Tibérius. Il est à Caprée, dont il a fait un élysée.

Il y jouit d’un luxe indescriptible, et de tous les plaisirs nouveaux qu’on peut inventer pour satisfaire et exciter ses appétits blasés. L’encens brûle constamment devant sa divinité grotesque et cruelle. On l’adule, on le courtise, et les artistes offrent à l’adoration du peuple des images de la nouvelle idole.

Et pendant ce temps-là, nous gémissons sous le gouvernement despotique d’un autre dieu que tu connais « Séjanus ». Il est arrivé au faîte de la puissance. Ses statues remplissent le Forum, et le Sénat baise ses pieds.

Avec une habileté diabolique, il continue de préparer son ascension au trône. Il écarte tous ceux qui peuvent lui en fermer l’issue.

Tibérius est seul à ignorer, mais il l’apprendra, que Séjanus est le véritable auteur de l’empoisonnement de son fils Drusus qui devait lui succéder !…

Agrippina, la digne veuve de l’infortuné Germanicus, est menacée d’exil avec ses fils.

Voilà ce qui se passe dans le monde de nos dieux nouveaux.

Et les simples mortels ne valent guère mieux. Les célibataires comme moi ne veulent plus se marier. Ceux qui sont mariés se font un jeu de