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LE CENTURION

J’ai cru m’apercevoir que le centurion Caïus a quelque admiration pour toi. Ne t’a-t-il pas manifesté ses sentiments ?

— Non, mon père. Il paraît se plaire en ma compagnie, et je suis flattée de ses attentions. J’admire sa belle intelligence et son noble caractère. Mais il ne m’a jamais témoigné qu’une aimable amitié.

— C’est un officier distingué, qui a un bel avenir, et qui me plaît beaucoup. Il est vrai qu’il n’a plus foi dans le polythéisme, et je le regrette. Ce scepticisme est d’ailleurs partagé malheureusement par un grand nombre d’esprits très cultivés de Rome. Mais j’espère qu’il en restera là, et qu’il ne poussera pas ses sympathies pour Jésus de Nazareth jusqu’à le prendre pour un Dieu, et à lui décerner un culte.

Ce serait une aberration que je ne tolérerais pas, et qui m’empêcherait de l’agréer pour gendre.

— Mais, mon père…

— C’est une simple hypothèse. Si par impossible, elle devenait un fait, je suis bien sûr que tu serais la première à lui dire que son Dieu ne sera pas ton Dieu.

Camilla salua son père, et ne répondit rien. Elle avait tout compris, surtout ce que son père n’avait pas dit. Elle resta longtemps songeuse, et pressentit que quelque malheur la menaçait.

Caïus Oppius l’aimait-il vraiment ? Son père le croyait apparemment. Mais qu’en savait-il ?