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LE CENTURION

entre nous : Rome et Jésus de Nazareth. Il y en avait même un troisième : Caïus, qui allait devenir bientôt un rival dangereux.

De son côté, Camilla n’eut qu’un demi-sommeil. Elle se sentait aimée, et elle goûtait les douceurs de cette sensation. Mais cette jouissance était mêlée d’anxiété.

Elle n’oubliait pas que Gamaliel aussi avait de l’admiration pour elle ; qu’il portait un des plus beaux noms de Jérusalem ; que son esprit était brillant, et qu’il parlait avec élégance la langue de Rome.

Mais Onkelos, quoique plus âgé, était un beau type grec, savant, éloquent, et de grande réputation parmi les docteurs en Israël.

Évidemment Camilla n’aimait pas encore, puisqu’elle pesait ainsi les avantages de chacun.

Une étoile brillait à sa fenêtre. Elle la contempla longtemps ; et elle se souvint délicieusement que son nouvel ami l’avait comparée à une étoile, qu’un enfant trouve belle et voudrait saisir.

— Aimer, c’est la loi, m’a dit Onkelos. Oui, mais qui devrai-je aimer ?

Camilla restait perplexe.

Le livre de Ruth était sur sa table. Elle le déroula, et lut cette délicieuse idylle avec une émotion croissante.

Quand elle s’endormit paisiblement vers le matin, elle avait pris sa détermination, et c’est