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LE CENTURION

l’épouvantable accomplissement de ses prophéties : Nabuchodonosor, maître de sa ville bien-aimée, et la détruisant de fond en comble, faisant égorger tous les grands de Juda et les fils du roi sous les regards du malheureux prince, lui crevant ensuite les yeux, et le chargeant de chaînes pour l’emmener en captivité avec tout son peuple !

Représentez-vous le fils d’Helcias assis où nous sommes, avec cette indescriptible vision de deuil sous les yeux, et vous comprendrez mieux les stances élégiaques du poète de la douleur :

« Quomodo sedet sola civitas…

« Comment est-elle assise solitaire la cité populeuse ?… » Et il lui récita toute une page des Lamentations.

Après un silence, Onkelos reprit : Que c’est beau cette merveille architecturale de Jérusalem sous les reflets rouges du disque embrasé du soleil !

Et pourtant, je garde le souvenir d’un spectacle plus beau, qui est à jamais perdu pour moi.

Oui, Jérusalem et son temple forment un tableau splendide. Mais l’acropole d’Athènes et le Parthénon sont plus admirables encore.

Le génie de l’homme n’a jamais rien édifié de plus grandiose, de plus harmonieux, de plus inspiré.

— Et pourquoi donc alors, dit Camilla, avez-vous abandonné votre pays et embrassé le Judaïsme ?