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LE CENTURION

douleur du fils d’Helcias, c’était la ruine de sa patrie, la destruction de cette Jérusalem qu’il trouvait si belle et qu’il aimait tant… Eh ! bien, voilà la souffrance que j’ai connue.

Onkelos poussa un profond soupir, et dit : sortons d’ici, et venez plutôt contempler Jérusalem.

Tous deux sortirent de la caverne, et gravissant la colline qui la recouvre ils regardèrent la grande ville. Le soleil couchant en incendiait tous les reliefs, toutes les tours crénelées ; et les coupoles dorées du Temple étincelaient dans cet embrasement merveilleux.

— Voyez ! dit Onkelos, est-il étonnant que le prophète ait contemplé avec un amour fait d’admiration cet incomparable spectacle ?

Jugez alors combien il devait souffrir quand ses yeux de prophète apercevaient dans un avenir prochain les ruines lamentables qui allaient remplacer ces splendeurs.

Représentez-vous son abattement quand il revenait ici vers le soir, après ses entrevues avec le roi Sédécias. Tous ses avertissements, toutes ses prédictions de châtiments, appuyés sur la parole de Jéhovah, n’avaient servi de rien.

Non seulement le roi persistait dans son aveuglement, mais ses ministres, et les chefs de son armée étaient résolus de faire mourir ce prophète de malheur.

Enfin, mesurez, si vous le pouvez, la profondeur de son affliction quand ses yeux de chair virent