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LE CENTURION

Gamaliel. — Sur ce point, nous sommes divisés, et les prophéties sont très obscures.

Pilatus. — Enfin, que pensez-vous de Jésus de Nazareth ?

À cette question, Camilla, Claudius, Caïus et Nicodème fixèrent leurs regards sur le vieux docteur d’Israël, et attendirent anxieusement sa réponse.

Il hésita, et dit enfin :

— « Votre question, Gouverneur, en fait surgir d’autres bien graves dans mon esprit. Comment une femme a-t-elle pu enfanter un Dieu ? Comment peut-elle être devenue mère et rester vierge, selon la prophétie d’Isaïe ? Comment la nature divine et la nature humaine peuvent-elles s’unir dans une même personne ?

Tels sont les grands problèmes qu’il me faudrait résoudre pour pénétrer le mystère de Jésus de Nazareth ; et jusqu’à ce jour ils sont insolubles pour ma faible raison.


Ainsi finissaient presque toujours les discussions. Le problème messianique se dressait devant les interlocuteurs, et demeurait sans réponse.

Ce n’était donc pas par le raisonnement qu’on pouvait y répondre. L’esprit humain réduit à ses seules forces était impuissant à expliquer ces mystères.

Il fallait faire un acte de foi, et non un syllogisme.