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LE CENTURION

cette femme m’a fasciné ; et, ce qui te semblera étrange, sans le vouloir ; il m’a semblé même quelle voilait l’éclat de son regard pour paraître à mes yeux une femme ordinaire.

Tu vas penser sans doute que c’est le comble de l’habileté ; mais je crois plus à sa candeur et à son honnêteté qu’à la vertu de nos vestales.

C’est la plus belle juive que j’aie rencontrée en Orient. Elle est brune, de belle taille, svelte et élégante ; son buste est digne de Vénus. Ses yeux noirs profonds voilent un feu sombre ; ils ressemblent à ces yeux de marins qui à force de contempler la mer et le ciel leur ont emprunté des lueurs d’abîme et des éclairs d’orage. Je parie que sa chevelure abondante descend jusqu’à ses pieds quand elle la déroule.

Qui est-elle ? Quelle est son histoire ? Pourquoi vit-elle seule avec des domestiques ? Je n’en sais rien ; mais je le saurai. Pour le moment, j’affirme qu’elle est belle, distinguée, séduisante, et qu’elle ne paraît pas le savoir, ou ne veut pas qu’on le lui dise.

À bientôt,

12 décembre, 780 — Magdala.