dans l’étude des philosophes, des moralistes, des historiens et des poètes.
Tout en admirant l’érudition de sa fille, le vieux Romain s’inquiétait de ses tendances, et surtout de l’affaiblissement de sa foi dans le polythéisme.
Mais il s’affligeait bien davantage du scepticisme de son gendre.
En réalité, Pilatus n’avait aucune religion. Comme la plupart des Romains les plus éclairés de cette époque, il regardait le polythéisme comme un ensemble de fables poétiques, mais enfantines.
L’étude de la philosophie l’avait attiré davantage ; mais aucune école ne l’avait retenu.
La doctrine stoïcienne n’était pas faite pour le séduire. Supprimer les sens et ne vivre que de la vie de l’âme ; considérer que la seule infortune en ce monde est le vice, et tout ce qui nous éloigne de la divinité et de l’ordre éternel ; que les souffrances, les maladies, les revers de fortune ne sont pas à proprement parler des maux, et que la mort elle-même n’est pas un malheur qu’on doive redouter : c’était une morale trop austère pour un homme qui avait connu la vie facile de Rome.
Aussi applaudissait-il les Platoniciens quand ils démolissaient le stoïcisme ; mais il ne les suivait pas plus loin. Leur doctrine était aussi beaucoup trop sévère pour le conquérir.
Épicure lui-même ne l’avait pas captivé. Car ce philosophe avait encore une morale sévère. Il