Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.
138
LE CENTURION

de puissance et d’orgueil. Ses gorges profondes, ses ravins lugubres symbolisent ses abaissements, et les abîmes d’humiliation dans lesquels son peuple est tombé, chaque fois que le bras de Dieu a cessé de le soutenir.

Et cependant, de cette ville irrégulière, convulsionnée, pleine de ruines, il se dégage un charme exquis, qui me séduit et m’attache. Rien n’égale la grandeur, la poésie, l’intérêt dramatique de son histoire ; et cette histoire est écrite sur les pierres de ses monuments, et dans le sol bouleversé de sa formidable enceinte.

Tel est, mère, le théâtre plein de souvenirs où s’ouvre une nouvelle ère des Prophètes, et où s’accomplissent des événements plus merveilleux encore que ceux des siècles passés.

Le temps est venu pour moi de bien ouvrir les yeux et les oreilles, et de m’instruire à fond des choses de ce pays. Claudia y prend le même intérêt que moi.

Mais Pilatus est bien loin de partager notre enthousiasme. Il tient sans doute beaucoup à sa position pour les honneurs et les appointements qui y sont attachés. Mais il n’aime ni la Judée ni les Juifs. Il s’y ennuie tristement. Ce n’est pas dans une ville comme Jérusalem qu’il peut trouver les amusements qu’il aime. Il n’y a ici ni théâtre, ni cirque, ni gladiateurs, ni même de thermes ; car les piscines n’ont rien de commun avec nos bains romains.