Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.
135
LE CENTURION

Au bord des fleuves de Babylone
Nous étions assis et nous pleurions,
En nous ressouvenant de Jérusalem…


XI

À JÉRUSALEM


Me voici à Jérusalem : et je veux te dire, ô mère, sans plus tarder, combien cette ville est merveilleuse, et combien son aspect seul m’impressionne profondément. On m’en avait beaucoup parlé, j’en avais lu des descriptions, et cependant je n’en avais pas la moindre idée ; car elle ne ressemble à aucune autre ville.

C’est moins la cité d’un peuple et d’une race, que celle d’une religion. Son temple est sa gloire et sa beauté. Il la domine, il la résume, il l’éclipse. Il en est la base et le couronnement. Ses assises plongent profondément dans le mont Moriah. Quand on franchit les portes de la grande ville et qu’on s’en éloigne, c’est le temple qu’on aperçoit de partout et qui reluit au-dessus des murailles et des tours.

Nous sommes arrivés par les chemins de la Samarie, et quand Jérusalem m’est apparue dans une échancrure des montagnes, j’ai cru que c’était la vision d’un rêve, une vision magique. Pour les Romains il n’y a qu’une ville au monde, Rome. Mais quelle émotion j’ai éprouvée devant cette